Journal du 19.IX.2024 : HORTVS ADONIDIS

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(Journal du 19.IX.2024) J’ai dîné hier avec mes amies juristes du dicastère, qui savaient avant moi que je dois revenir parmi elles en octobre, car elles ont reçu avant-hier un courriel de Basilée leur annonçant un retour auquel pourtant je m’attendais moi-même assez, car cette dernière m’avait demandé il y a peu si je serais disponible pour une reprise le mois prochain. Ce matin, j’ai reçu un courriel de mon avocate m’annonçant que mon affaire avait bien été retenue à l’audience d’hier, que le rapporteur public avait de nouveau préconisé l’annulation de mon licenciement et qu’une décision devrait être rendue le 2 octobre. Je dois dîner aujourd’hui avec ma sœur Junie et, la connaissant, le repas a toutes les chances d’être très arrosé, ce qui promet pour demain un Antire plus mort que vif. Dans l’attente de l’ISBN pour le Testament d’Attis, je ne cessais de remettre à plus tard la dernière relecture de ma copie. Mais le numéro m’étant parvenu avant-hier, il me faudrait me consacrer à fond à cette tâche, à laquelle je me suis mis hier. Mais c’est ma lecture des diverses relations de la mort de Henriette d’Angleterre publiées à la suite du livre de Madame de La Fayette sur cette dernière que je suspends un instant, plutôt que mon travail de relecture, pour écrire ces quelques mots dans mon journal. Il ne me reste qu’une dizaine de jours de liberté, et déjà ces jours ne m’appartiennent plus. Mais je dois reconnaître avoir beaucoup ri hier soir, entouré de mes amies du dicastère. Sans doute Henriette d’Angleterre, qui fut l’un des astres de la cour du roi Soleil, a-t-elle beaucoup ri elle aussi dans sa courte vie. Son mot sur le nez d’Olympe Mancini nous laisse aisément deviner comme son humeur devait être bonne et plaisante. Mais même la plus grande et la plus adorée et la plus entourée des princesses se retrouve entièrement seule dans la mort. Elle était pleine de vie ; ressentant soudain une très vive douleur à l’estomac, neuf heures après, elle était morte. Sa mort n’est pas seulement exemplaire par l’incroyable résolution dont la princesse fit preuve au terme de la vie. Elle fait voir l’extrême solitude de l’agonisante, qui est la seule à comprendre qu’elle sera morte le lendemain. Personne ne veut la croire. Aucune de ses femmes n’a l’idée des douleurs extrêmes qu’elle éprouve. Elle se pense empoisonnée : nul ne la croit encore. Elle demande de l’antipoison : ses médecins pensent qu’il faut attendre ; elle ira bientôt mieux. Et quand on comprend qu’il faudrait en effet tenter de la sauver, elle n’en est déjà plus là : elle demande à se confesser, reçoit le viatique, sans autre trouble que celui de la douleur qu’elle ressent et dont elle sera bientôt délivrée. Tout l’autre aspect de la vie est dans cette mort exemplaire : quand on ne cherche plus à dissimuler, on n’est pas cru !

 

19.IX.2024

19/09/2024, 12:55 | Lien permanent | Commentaires (0)

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