Ballade du concours de Blois : HORTVS ADONIDIS

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Ballade du concours de Blois

 

Je meurs de soif auprès de la fontaine.

Brûlant d’aimer, je suis tout refroidi

Du moindre égard qu’une figure humaine

Porte au pauvre de moi. Si mercredi

L’amour me gagne, il m’a fui dès jeudi.

(J’ai plus connu que la grande passion

La petite amourette !) Et quand le don

M’est enfin fait de l’amour véritable

(Je parle de Clément, nouvel Adon),

Même affamé, je ne vais à table.

 

Ma langue, au lieu d’aller fouiller l’haleine

Du beau garçon, se fige et s’engourdit.

De tous les mots dont j’ai la tête pleine,

Pas un ne sort : je demeure interdit.

Le cœur me manque aussitôt qu’enhardi.

J’ai dans l’oreille un entêtant bourdon.

Pour un regard, toute ma déraison

Me croit l’égal d’un grand dieu vénérable ;

Par un regard, je suis pauvre en prison :

Même affamé, je ne vais pas à table.

 

Plus il est proche et plus semble lointaine

La chance d’explorer son paradis.

Plus il s’éloigne et moins semble incertaine

L’institution de nos gymnopédies.

Trouver l’amour est une tragédie :

On garde espoir en perdant la raison ;

On désespère à force d’oraison.

Traînant ma soif dans un désert de sable,

Je n’ai mirage en lieu de guérison :

Même affamé, je ne vais pas à table.

 

Prince Clément, qui portes mal ton nom,

Se peut-il qu’en ta veine aille un poison

Pareil au mien, dont tu dises, affable :

« Je hais et j’aime et, par toute saison,

Même affamé, je ne vais pas à table » ?

 

11.XI.2019

 

Un lien menant à l’enregistrement d’une lecture par l'auteur de cette ballade se trouve dans les commentaires.

11/11/2019, 12:29 | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Voici le lien : https://www.youtube.com/watch?v=dEPYhj043O0

Écrit par : Antire | 12/11/2019

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C'est admirable, cher Antire.

Écrit par : Philerme | 26/11/2019

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Je suis heureux, cher Philerme, que ces vers vous touchent. (J'ai dans ma bibliothèque votre édition des ballades du concours.)

Écrit par : Antire | 26/11/2019

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Ils me touchent, et combien je les comprends ! (Je suis très honoré que mon édition des admirables et déchirants poèmes du concours organisé par notre cher Charles d'Orléans figure dans votre bibliothèque.) Mon amitié, et mes pensées, cher Antire.

Écrit par : Philerme | 26/11/2019

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