Journal du 06.IX.2024 : HORTVS ADONIDIS

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(Journal du 06.IX.2024) La journée fut mauvaise. Elle avait pourtant bien commencé. Depuis quelques jours, j’étais en effet tourmenté par l’indécision, à la suite de l’entretien de recrutement que j’ai passé mardi 3 dans un centre de formation. Cet entretien s’étant bien déroulé, il me semblait avoir quelque chance de recevoir une réponse positive. Seulement, la perspective d’un contrat à durée indéterminée au terme de la première année me déplaisait un peu. Les horaires de travail ne me convenaient guère non plus. Ceux du dicastère sont bien préférables. J’étais donc très tenté, dans le cas de ce succès, de refuser le poste, mais il m’aurait fallu mentir, dire que j’avais trouvé mieux ailleurs, procédé que je trouvais détestable. Et, ce matin, coup de théâtre, d’ailleurs assez prévisible, le poste avait été donné à quelqu’un qui avait déjà fait exactement le même travail. Quel soulagement ! Y repensant, je me dis que mon soulagement était trop grand pour que la cause ne fût liée qu’à l’amplitude horaire de la journée ou la durée indéterminée d’un éventuel futur contrat. En réalité, une sorte de malaise m’avait gagné dès mon arrivée sur les lieux du rendez-vous. Je crois que cette gêne venait du fait qu’il s’agissait d’un établissement d’enseignement. Même si je postulais un emploi purement administratif, j’ai trop malaimé l’enseignement quand j’étais professeur, j’ai trop été maltraité quand j’étais moi-même un élève, pour pouvoir m’épanouir dans la proximité de salles de cours. Je ne m’explique d’ailleurs toujours pas comment j’ai pu, il y a quelques années, me tourner vers une carrière dans l’enseignement qui ne pouvait que mal se terminer et qui, d’ailleurs, a bien mal tourné en effet. Et justement, j’ai reçu en début d’après midi un courriel de mon avocate me transmettant le mémoire en défense du rectorat, dans mon affaire de licenciement. Patatras ! Ma bonne humeur s’était effondrée. Je comprends, en le lisant, que ce mémoire, que le rectorat ne s’était pas donné la peine de rédiger pour sa défense au cours de l’instruction, a été finalement envoyé à la demande du tribunal, ce qui ne me semble rien augurer de bon. N’est-ce pas à dire en effet que les juges ne sont pas très disposés à aller dans le sens des conclusions du rapporteur public, qui m’étaient favorables ? J’ai littéralement passé tout le reste de la journée à rédiger mes remarques pour que l’avocate les transmette. Je n’ai d’ailleurs pas terminé. Il me faudra continuer demain. La lecture du mémoire en défense fut un supplice, avec force accélérations du rythme cardiaque et sensations de coups de poing dans le ventre. Mais, paradoxalement, l’argumentation de nouvelles objections et un commentaire, que je donne pour la première fois du sens du texte posté sur Facebook et qui me perdit, m’aident à me calmer. Mais je plains ma pauvre avocate, qui devra faire le tri dans tout cela. Et surtout, j’enrage de m’être fait voler une journée entière, et par ma faute, finalement, car à quoi bon tout ce remuement d’une vie révolue, maintenant que mon existence a tellement changé et que, surtout, je suis si heureux de ne plus avoir à enseigner ? Si je perds, ou si la rectrice fait appel, je me demande si je ne renoncerai pas. Et pourtant, je me connais, la tentation de poursuivre sera grande, et même très forte… C’est d’ailleurs quelque chose que je ne m’explique pas. Moi qui suis si velléitaire, si procrastinateur, si soucieux d’affecter le détachement, si avare de mon temps (pour pouvoir le dilapider en siestes et en rêveries), je suis pourtant capable de me lancer dans cette interminable procédure : beaucoup moins par souci de justice (et d’ailleurs, relire le texte litigieux (à la lumière, il est vrai, des accusations qu’il m’a values) n’a pas été sans me faire suspecter à mes propres yeux !), ou même par appât du gain (je veux dire dans le but de toucher l’argent de mes salaires non versés), que dans l’espoir, tellement vain, mais qui me tient tant à cœur, d’avoir le dernier mot.

 

06.IX.2024

06/09/2024, 23:31 | Lien permanent | Commentaires (0)

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