Journal du 12.X.2024 : HORTVS ADONIDIS

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(Journal du 12.X.2024) Allé en ville pour acheter du thé et des enveloppes, j’ai aperçu de loin, tout à l’heure, Hiéronymus, l’empoisonneur de ma sœur, grand cadavre fantomatique, toujours vivant, lent et remarquable, haut et maigre, diminué mais superbe, toujours majestueux, surtout de dos, comme un guerrier Massaï, les cheveux lui tombant sur l’épaule, mais laissant désormais entrevoir un peu l’arrière du crâne, seul signe de l’âge. Malgré la maladie, depuis tant d’années, il a toujours l’air d’un jeune homme, fatigué, mais jeune homme. Avec le temps, Junie s’est mise à le haïr. Moi, c’est le contraire, je lui ai tout pardonné. Et d’ailleurs, je n’avais rien à lui pardonner, car, à moi, il n’a rien fait. Je lui suis même reconnaissant, quand je tombe sur lui par hasard, environ une fois l’an, de me donner l’occasion d’être si magnanime en m’apitoyant sur lui. Je le trouve plus à plaindre qu’à blâmer : il avait tiré le mauvais sort, deux poisons allaient lui couler dans les veines. Moi qui n’aime rien tant que la jeunesse, j’arrive à voir désormais dans les traits de son visage cette beauté qui m’échappait un peu, du temps de sa splendeur souffreteuse, mais dont Junie était captive. Je lui envie sa beauté tragique, ténébreuse et miraculée, humaine et maléfique. Et quel pas ! On le croirait tombé d’un autre monde, comme s’il était revenu d’entre les morts, ou qu’il se sût déjà parmi eux (eux, c’est-à-dire nous).

 

12.X.2024

12/10/2024, 19:29 | Lien permanent | Commentaires (0)

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