Journal du 09.XII.2023 : HORTVS ADONIDIS

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(Journal du 09.XII.2023) Tant que mon quatorzain servait à écrire des ballades régulières en décatétrasyllabes, son peu de structuration interne n’était pas vraiment une faiblesse, car c’est lui qui servait à structurer la forme fixe : trois couplets, un envoi, le tout avec refrain, évidemment. Mais maintenant qu’il s’est détaché de la ballade et qu’il constitue pour moi une forme à soi seul, une espèce de nouvelle forme fixe, il me faut bien reconnaître que cette grosse strophe, dérivée d’un douzain lui-même dérivé du dizain de Villon*, et que j’ai parfois appelé une sorte de sonnet (à cause du nombre de vers), mais qui n’en est pas un du tout, a quelque chose de vraiment informe. Et me vient une idée (que je m’étonne de ne pas avoir eue plus tôt) en lisant En faisant, en trouvant (« car le sonnet porte sa propre mémoire, qui ne se laisse pas facilement effacer** » ; « La prosodie part toujours des qualités intrinsèques d’une langue, devenant ainsi une manifestation de sa mémoire, laquelle incorpore, progressivement, le souvenir de tous les vers écrits selon le même système formel*** ») : pourquoi ne pas transposer à mon quatorzain les conséquences rhétoriques qu’imposait au sonnet son système strophique ? La syntaxe, les idées du poème s’organiseraient suivant la même disposition que dans le sonnet : deux quatrains suivis d’un sizain (deux tercets) ou trois quatrains suivis d’un distique. Avec un tel système, il semble y avoir un jeu très délibéré sur la disposition des rimes. Le premier quatrain a les rimes embrassées : baab. Le second semble d’abord avoir le même schéma, quoique en inversant la disposition de a et de b ; mais le dernier vers ne rime avec aucun de ceux qui précèdent. Cette anomalie est peut-être propice à la mise en exergue d’un mot ou d’une idée : abbc. Le troisième quatrain est de nouveau ‘‘régulier’’, mais ses rimes sont croisées : cdcd. Et les deux vers du distique final ne riment pas entre eux, mais avec ceux de la strophe précédente uniquement, un peu comme pour le dernier vers d’une tierce-rime. Il y a là peut-être une piste à explorer. Et ce serait une sorte de retour aux sources (encore la mémoire), puisque le sonnet a été ma première forme. Mais je n’irai pas jusqu’à sauter une ligne entre chaque ‘‘strophe’’, car je tiens beaucoup à l’aspect ‘‘massif’’ de mon quatorzain.

 

* Dizain : ababbccdcd ; douzain : Aababbccdcd; quatorzain : BAababbccdcdDC.

** Eugène Green, En faisant, en écrivant. Notes sur la poésie, Exils, coll. « Essais », 2022, p. 25.

*** Ib., p. 51.

09.XII.2023

09/12/2023, 14:22 | Lien permanent | Commentaires (0)

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