Journal du 12.XII.2023 : HORTVS ADONIDIS

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(Journal du 12.XII.2023) État de ma ‘‘paranoïa’’. J’ai remarqué que xxxxx xxxxxxx xxxxxx xxx xxxxxxx xxx xx xxxxxx xxxxxxxx xx xx xxxxxx xxxxx xx xxxxxxxx xxxxxx xxx xxxxxxx, xx xxx xxx xxxx xxxxxxxxxx. xx x x xxxxxxxx xxxx xx xxxxx xxxxxxxx xxx xxxx xx xxxxx, xxxx xxxxxxx xx xxxxxxxx xx xx xxxx xx xxxxx xx xxxxx, xx xxxx xxxxxxxx xxxx xx xxxxxxxx. xx xxxxxxx, xxx xxxxxxxxxxxx x xxxx xxxx xxxx xxxxxxxx, xxxxxxx xxx xxxxxx xxxxxx xx xxxxxx. xxxxxx xxxx xxxxx xxxxxx x xxx xxxx xxxx xxx xxxx xxx xx xxxx xxxx xxxxx xxx xxxxxxxxxxxxx ? xx xxxxxxx xxxxxxx xxxx xxx xxxxxxxx xxxxxxxx xxxxxxxx xxxx xxxxxx xxxxxxxxx xxxxxx xx xxxxxxxx xxx xxxxx xx xxxxxxxxx xxxxxx xxxxxx xxxxxxxx. x xxxx xx xxxx xxxxx xxx xxxx xxxxx ? xxxxx xxxxxxxx xxxxxxxxxx xxxxx xx xxx ? xxx xxxxxxxx xxxxxx xxxxxx xx xxxxx xxx xxxxxxxx xx xxxxxxx xx xx xxxxxxx ? xxx xxxxxx xx xxxxxxxxx xx xxxxxxx xxxxxxxx xxxx xxxxxxxxx ? J’ai écrit cette après-midi à Calliste pour lui demander si mon embauche était confirmée. Il m’a répondu qu’oui et m’a envoyé mon contrat en pièce jointe pour que je le lui retourne signé. J’ai beaucoup repensé à Philémon ces derniers jours, avec une nostalgie douloureuse qui me surprend un peu. Nous nous sommes connus à notre cours de piano lorsque nous étions adolescents, et nous étions devenus (presque) des amis. Je dis presque (ou j’hésite à le dire), parce que j’étais particulièrement sauvage à l’époque. Et je trouvais à ses manières quelque chose d’effrayant, parfois, qui me rebutait un peu. Mais c’est pour lui que j’avais dû écrire l’un de mes premiers poèmes : il me l’avait demandé dans l’intention de le lire au baptême des jumeaux que ses parents venaient d’avoir. Je me souviens que Philémon avait été très contrarié que j’eusse fait sans lui ma fugue lors de ma rentrée en terminale. Il voulait absolument que nous en refissions une ensemble ! J’avais demandé à Calchas, le psychiatre qu’on me faisait consulter à l’époque, s’il trouvait cette idée de seconde fugue opportune, ce qui m’avait valu une belle mercuriale. Il n’y avait donc pas eu de nouvelle équipée sur les routes d’Argolide, ce dont s’était trouvé fort déçu Philémon, dans l’estime duquel j’avais quelque peu déchu, je crois bien. Mais ce n’est que quelques années plus tard, pendant mes études, que nous nous étions tout à fait perdus de vue. Il voulait faire du cinéma. Il est finalement devenu chef d’entreprise, comme son père ; raison pour laquelle j’ai rentendu parler de lui récemment, et donc à lui repensé : les finances du centre d’art sont en effet si désastreuses qu’il est question de le solliciter. Il s’intéresserait toujours aux arts et c’est lui qui a financé je ne sais plus quel festival, l’année dernière. Pourquoi ne deviendrait-il donc pas notre mécène ? s’est-il dit au centre d’art. Le chiffre d’affaires de ses treize entreprises, ai-je lu dans un article en ligne, s’élève à deux cent cinquante millions de drachmes. À de tel niveaux d’argent, je me dis que Philémon a dû bien changer ! Réflexion absurde, d’ailleurs, puisque son père était lui-même très fortuné, et sans doute le fils a-t-il simplement pris la relève du premier. C’est plutôt moi, je le crains, qui, resté si incroyablement désargenté, pourrait paraître à Philémon bien changé : car que pèserait aujourd’hui mon petit prestige poétique d’autrefois à côté de deux cent cinquante millions de drachmes ? Mais pourquoi repenser à lui avec tant de nostalgie ? D’ailleurs, je ne crois pas que j’aurais très envie de le revoir, car il y a en moi quelque chose comme une fibre prolétarienne, je m’en avise en même temps que je l’écris, qui me fait associer la très grande production d’argent au cynisme et à la brutalité. Et brutal, Philémon me semblait l’être, déjà, dans sa jeunesse. (Mais peut-être n’était-il simplement que viril. Comment pouvais-je le savoir, moi qui avais grandi parmi des femmes ?) Ses idées royalistes me paraissaient séduisantes, mais ses amis royalistes beaucoup moins. Et je n’ai jamais su si son antisémitisme était une pose ou bien l’expression d’un sentiment sincère. Mais je n’aimais pas l’entendre me traiter de Juif, même en plaisantant, au prétexte que j’avais un gros nez : étais-je bien sûr, me demandait-il, que mon père était mon père ? Mais j’aimais la grande assurance de Philémon, et le fait qu’il eût de l’affection pour moi. Amalthée détestait cette affection. Elle m’avait d’ailleurs fait comme une scène, un soir, à Acaris, après que nous étions tombés sur Philémon au théâtre. Celui-ci m’avait en effet passé le bras sur l’épaule pour m’emmener à l’écart et me dire quelque chose en aparté. J’avais l’air d’un enfant qui veut plaire à son père, m’avait-elle dit. (Augustin, lui aussi, lorsque j’avais l’air contrarié, me mettait la main sur la nuque, comme si j’avais été un enfant de six ans, et me demandait : « Qu’est-ce qui ne va pas, mon Antire ? ») Peut-être n’est-ce pas de la pensée de Philémon que me vient cette nostalgie douloureuse, mais du souvenir de la fugue interdite qui lui est associé : mes petits accès de paranoïa me font me sentir menacé, mais je ne peux pas fuir (comme je n’avais pas pu le faire une seconde fois, à l’époque.) Pour aller où d’ailleurs ? Et de toute façon, je n’ai plus l’âge des fugues ! Je n’ai d’ailleurs plus l’âge de rien du tout, étant devenu incroyablement raisonnable et, surtout, parfaitement impuissant. Est-ce que je me souciais de savoir où j’allais, lors de ma fugue solitaire, à dix-sept ans ? J’avais bien à l’esprit de rejoindre un monastère, mais qui se trouvait à cinq-cents kilomètre d’Argos. Pensais-je vraiment pouvoir arriver à destination, avec ma bicyclette et mes pauvres mollets qui n’avaient plus fait de sport depuis la fin de la classe de troisième ? Mais cette destination, c’était une communauté d’hommes. Était-ce bien un hasard ? Voulais-je rejoindre des pères ? Des frères ? Aujourd’hui encore, je manque d’un Augustin, d’une main sur ma nuque, ou d’un Philémon : d’un bras. Don Esteban a failli tenir ce rôle. Mais il vivait aux antipodes et était à peu près ruiné, quand nous nous sommes connus, ce qui n’a guère facilité notre commerce ensemble. Et puis il avait une femme, ce que j’appris une fois qu’elle fut morte.

12.XII.2023

12/12/2023, 23:24 | Lien permanent | Commentaires (0)

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